Quatrième de couverture : Ismaïl est en cinquième. Au collège, certains le traitent de « pédé ». Il ne comprend pas. Cette moquerie le déstabilise vraiment, lui qui se pose déjà mille questions sur son adolescence. Sa prof de français, qui ne cache pas son homosexualité, va l’aider et lui permettre de grandir sereinement, même s’il se demande encore quel adulte il sera.

 

Avis : J’ai emprunté ce titre à la médiathèque sans vraiment savoir ce qu’il me réservait. Je cherchais un récit à la première personne s’adressant à un des enfants de 10-11 ans environ. C’est bien entendu le sujet qui m’a interpellée.

S’il y a bien un âge dans la vie où on se pose mille et une questions, c’est celui du passage délicat de la puberté où notre propre corps semble vouloir échapper à notre contrôle en se transformant. C’est également l’entrée dans un nouveau rapport aux autres, le moment où l’on se prend la pression sociale en pleine face et où l’on n’est pas encore vraiment armé·e pour y résister. Bref, c’est pas facile.

Ismaïl grandit dans une famille mixte en France. J’en profite pour glisser ici que le père de l’auteur est marocain et sa mère bourguignonne ; je ne peux que supposer qu’il s’est un peu inspiré de ce qu’il a vécu pour construire la cellule familiale du livre. C’est donc la rencontre de deux cultures qui ne perçoivent pas toujours les choses de la même façon. Le père, comme beaucoup de pères de manière générale, veut que son fils devienne un homme. Il trouve aussi que la voisine lesbienne n’est pas « normale », même s’il l’apprécie beaucoup par ailleurs. La mère se montre a priori bien plus ouverte d’esprit. Le fils se retrouve entre les deux, paumé. Et encore plus quand un camarade de classe vient lui coller une étiquette dont il ne comprend ni le sens ni ce que cela implique, et qui provoque une vague de harcèlement contre lui. Heureusement, il y a la voisine, qui est aussi sa professeur de français, qui va trouver un moyen d’ouvrir le dialogue en classe autour de la question de l’homosexualité pour désamorcer la situation et remettre tout le monde à sa place.

Karim Ressouni-Demigneux a une écriture pleine de subtilités. Il déjoue les clichés de manière habile et fait très bien ressortir les dilemmes qui habitent Ismaïl. Il se dégage de ses mots une jolie sensibilité qui vient appuyer le fait que les garçons aussi ont le droit de se poser des questions, de ne pas comprendre, de ne pas être à l’aise, de se sentir dépassés, de ne pas savoir où trouver des réponses et de demander de l’aide. La conclusion est belle, pleine d’espoir et surtout, elle invite à laisser la porte ouverte à l’hypothèse la plus généreuse si chère à Belinda Cannone. Ça fait chaud au cœur.

À noter que dans ce livre, comme dans La Classe pipelette de Susie Morgenstern, il est aussi question de mal-être enseignant.

 


Informations sur l’édition :
Format broché
Éditeur : Rue du monde
Illustratrice : Monike Czarnecki
Sortie : 21 août 2009
111 pages
ISBN : 978-2355040764
Trouvable en occasion