Quatrième de couverture : Aujourd’hui, c’est le grand jour pour Yvan, 12 ans, qui a décidé de se présenter aux élections de délégué de classe : il doit convaincre ses camarades qu’il est le meilleur candidat. En ce jour particulier, il n’a rien laissé au hasard : petit déjeuner équilibré (sans banane pour éviter d’avoir la bouche pâteuse), tenue élégante mais pas trop et surtout discours rassurant ET séducteur. C’est qu’en politique chaque détail a son importance et le moindre faux-pas peut tout faire basculer en un rien de temps ! Yvan se sent fin prêt pour remporter cette élection dont il a toujours rêvé. Mais une fois arrivé à l’école, c’est la stupéfaction : Ali, son meilleur ami se présente lui aussi ! Yvan n’avait aucun doute sur sa victoire face à Marylou-la-chipie mais face à Ali il ne répond plus de rien… Est-il vraiment prêt à tout pour remporter la victoire ?

 

Avis : Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Yvan, élève de CM2, est antipathique au possible. On le découvre, dès le lever, en train de se mettre en condition pour remporter l’élection des délégués à tout prix. Je dis bien : à tout prix. Mentir, dézinguer la concurrence, se montrer sexiste, démago, planter un couteau dans le dos de son meilleur ami et se livrer à des malversations, j’en passe et des meilleurs. La distanciation est assez immédiate, malgré l’emploi de la première personne du singulier.

L’idée de l’auteur est bien entendu de rendre accessible aux plus jeunes le fonctionnement de la politique et des élections. En ça, il fait plutôt bien son travail. Les adultes ont Baron noir, les enfants ont ce livre. De quoi être désabusé·e par ce milieu, quel que soit l’âge. Je ne suis d’ailleurs pas certaine que les enfants perçoivent bien d’eux-mêmes le parallèle qui est fait entre l’histoire du père (ancien élu, trahi et battu par son meilleur ami) et le comportement d’Yvan. Le procédé m’a paru un peu trop subtil, mais je peux me tromper. Le père coache son fils pendant les vacances et le pousse à prendre une revanche qui n’est pas la sienne en lui apprenant toutes les ficelles pour écraser les autres. Le discours d’Yvan devant la classe est vraiment construit comme un discours politique, avec toujours plus de surenchère et beaucoup de belles promesses. On en vient vite à attendre le moment de la chute. Sauf que la morale de l’histoire n’est pas si lisible que cela. La fin est sans doute trop rapide et saute des étapes. Le goût amer de la victoire n’est pas assez souligné, même si Yvan s’en sort plutôt bien et qu’il semble avoir compris la leçon. On ne le saura jamais vraiment.

À noter qu’il y a une petite incohérence au milieu. Yvan dit ne rien avoir à craindre de la part de Marylou, qui n’est qu’une fille après tout, et quelques chapitres plus loin, elle est devenue l’adversaire à abattre alors qu’il ne s’est rien passé de particulier entre les deux scènes. Elle devient redoutable par la suite et de manière assez savoureuse. Cette négociation autour du hamster est fabuleuse !

Est-il agréable de lire une histoire où le personnage principal est aussi détestable ? Pas vraiment. Pourtant, il y a des touches d’humour qui fonctionnent plutôt bien (j’aime bien l’idée de voter pour destituer la maîtresse par exemple). Est-ce que je conseillerais ce titre ? Pas vraiment non plus.

 


Informations sur l’édition :
Format broché
Éditeur : Albin Michel Jeunesse
Illustrateur : Ronan Badel
Sortie : 12 avril 2017
111 pages
ISBN : 978-2226397614
7,90 €