Quatrième de couverture : Deux lignes d’explosions ravagent la Terre. Nul n’en connaît l’origine mais quand elles se rejoindront au large de notre côte atlantique, le monde sera détruit. Sur les routes encombrées de fugitifs qui tentent en vain d’échapper au cataclysme, six hommes et femmes sont réunis par le destin. Ensemble, ils ont dix jours à vivre avant la fin du monde…
Un compte à rebours implacable, une aventure initiatique qu’on ne lâche plus.
Et vous, que feriez-vous s’il ne restait que dix jours ?
Avis : Il s’agit ici d’un livre choral où l’on suit à tour de rôle plusieurs personnages qui vont se croiser, se perdre de vue, se retrouver, se découvrir, se connecter les uns aux autres. Certains sont attachants dès le départ, d’autres le deviennent en cours de route, d’autres encore dévoilent un visage qui déçoit. Au début, chacun pense savoir où, comment et avec qui il attendra la fin, qu’il s’agisse de la famille, des amis, d’une orgie, de la fête du siècle, d’un livre à terminer d’écrire, d’un dernier voyage vers un lieu inconnu. Mais au fil des pages, on se rend surtout compte qu’ils ont en commun de vouloir préserver leur humanité dans un monde où la folie s’installe. Il y a peu de violence pure montrée sur le papier, on la croise mais on la devine surtout en creux ; en restant aux côtés de ces personnages, on reste du côté de l’humanité bienveillante.
L’écriture de l’autrice est sans fioritures, percutante et très efficace, avec quelques beaux moments de grâce, mais hélas aussi quelques longueurs. Les chapitres sont courts et c’est sans doute ce qui provoque cette envie de dévorer les pages. Avec le compte à rebours qui est rappelé à chaque chapitre, on saute d’une histoire à l’autre, on veut en savoir toujours plus sur les personnages tout en ne cessant de se dire qu’il y a forcément une solution pour s’en sortir, qu’on ne peut pas s’attacher à eux pour les voir tous mourir à la fin. (Oui, il faut des mouchoirs.)
D’habitude, quand la Terre subit une apocalypse, quelle qu’elle soit, l’histoire fait un bond dans le futur et traite de l’après. Parfois, il y a des bribes de la vie d’avant pour pouvoir comparer. Mais ce qui intéresse le lecteur, c’est de constater les dégâts et de voir comment l’humanité a survécu. Ici, il n’en est rien. Le livre raconte les dix derniers jours avant la fin du monde, le titre ne trompe pas sur la marchandise. Autant prévenir tout de suite, la Terre après l’apocalypse, il n’en est pas question du tout. C’est d’ailleurs une sensation aussi perturbante que désagréable, car c’est une approche que l’on croise peu et qui provoque une sensation de détresse. La suite, donc, il faudra l’imaginer. Chose rendue d’autant plus difficile qu’on ne sait pas à quoi correspondent ces lignes d’explosions qui détruisent tout sur leur passage. Derrière elle, nous sommes laissés aveugles, comme les personnages. Il faut reconnaître que c’est très efficace pour tuer tout espoir et se recentrer sur le temps présent, faute d’avenir. Le mur n’est pas seulement ce qui détruit la Terre, mais aussi l’incapacité mentale de se projeter au-delà.
Et puis, bien sûr, il y a cette question qui taraude : Et vous, que feriez-vous s’il ne restait que dix jours ? Sans vraiment spoiler, la vérité, c’est que nous n’en savons rien. Nous pouvons tenter de nous projeter dans mille et une choses, mais tant que nous ne sommes pas confrontés à ce dernier jour, à cette dernière heure, à cette dernière minute, nous ne pouvons pas savoir. Et nous pourrions bien être surpris par notre ultime choix. C’est en tout cas ce à quoi nous confronte ce livre. 450 pages à se demander quoi et comprendre qu’il n’y a pas de réponse possible avant d’être au pied du mur. Mais à ce moment-là, ce sera une évidence.
Offrir un réconfort minuscule, une parcelle d’humanité dans l’horreur. (p. 291.)
Informations sur les éditions :
Format broché
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Sortie : 18 octobre 2018
464 pages
ISBN : 978-2075110808
19 €
Format poche
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Sortie : 17 septembre 2020
464 pages
ISBN : 978-2075143394
8,20 €