Quatrième de couverture : Coincés sur une île, des adolescents vont devoir apprendre à survivre dans un monde apocalyptique qui ne leur fera pas de cadeau…

Le premier jour, quand ils sont arrivés au bateau, la liaison entre l’île et le continent était coupée. Ordre du gouvernement.
Par la suite ils ont vu des fumées, au loin, sur la côte.
Le deuxième jour, ils ont enfin eu des nouvelles, et c’était plus effrayant encore.
Depuis, personne ne peut plus aborder. Personne ne peut plus s’en aller.
Et maintenant, prisonniers de leur île, Jo, Louna, Hugo, Blanche et les autres le savent : le danger vient de partout.
Du continent.
Des adultes.
De leur propre communauté.
D’eux-mêmes, surtout, la bande des six, les copains, le « crew », comme dit Simon, qui adore frimer en anglais. 

 

Note : L’Île a une histoire intéressante puisque le livre a pris vie pendant le premier confinement de 2020. L’auteur explique dans les remerciements à la fin de l’ouvrage qu’il avait déjà eu l’idée avant, mais que la pandémie a relancé le projet sous la forme d’un feuilleton. Il donnait rendez-vous à son lectorat tous les jours à 18 heures et livrait la suite de l’histoire au compte-gouttes. Le résultat a ensuite été retravaillé pour la sortie papier, mais pas trop, l’auteur souhaitant conserver la forme initiale du texte.

 

Avis : qui n’en sera pas vraiment un. Mon avis personnel est plutôt mitigé (j’ai trouvé le livre un poil trop long, mais j’ai beaucoup aimé la conclusion) et je préfère mettre l’accent sur certains choix faits par l’auteur et les analyser.

Retour en trois points.

Focalisation : Le narrateur est autodiégétique (il appartient à l’histoire qu’il raconte) puisqu’il s’agit de Jolan, un adolescent de 13 ans qui habite sur l’île. Il s’exprime à la première personne du singulier. Le procédé sert à placer les lectrices et lecteurs au plus près de l’action, des interrogations et des émotions pour leur faire vivre l’aventure de l’intérieur. Ce qui est une bonne idée vu la teneur de l’histoire. Ça marche très bien vers la fin, mais étrangement, moins bien avant. Sans doute parce que ce « je » est très (trop ?) souvent simple spectateur et qu’il raconte ce qu’il voit, mais ne s’implique pas toujours assez. Tout comme il n’est pas si moteur de l’action qu’il aurait pu l’être en tant que personnage principal. Cette distance peut se ressentir par moments. Autre problème lié à cette focalisation interne, Jolan, lui, connaît les autres personnages, mais c’est à travers lui que le lectorat doit apprendre à les connaître. Or, ils sont vraiment nombreux. Au début, il est assez difficile de savoir qui est qui et de bien caractériser tout le monde de façon efficace. Si comme moi, vous avez un problème avec les prénoms, vous risquez d’être noyé·e·s pendant une bonne centaine de pages. Par contre, ce qui est intéressant, c’est d’avoir utilisé ce procédé pour montrer des choses importantes tout en faisant en sorte que le lecteur n’y prête pas attention puisque le personnage n’y prête pas lui-même attention. Ce qui crée un bel effet de : « Mince, c’était là sous mon nez pourtant. Bien joué, auteur ! » qui n’est pas désagréable du tout. 

Moments de la narration : C’est une narration ultérieure (au passé), mais avec des moments de narration intercalée qui sont là pour créer de la tension. On sait dès le départ que Jolan raconte en sachant ce qu’il s’est passé puisqu’il parle de la situation dans laquelle il se trouve au temps présent. Raconter est une façon pour lui d’essayer de comprendre comment tout ça a pu arriver, de mettre de l’ordre dans les évènements. On a donc des indices sur la suite de l’histoire et on ne sait pas quand ce qui est raconté va rejoindre la temporalité dans laquelle se situe vraiment Jolan. Entre le début et ce point de convergence avec le présent, on est donc invité·e·s à se poser mille questions, ce qui est très stimulant. Une fois la fusion effectuée, la narration se poursuit au passé avec une pointe de présent et même… du futur. C’est d’ailleurs à partir de ce moment-là que Jolan redevient un élément vraiment moteur de l’histoire, quand il n’a plus d’avance sur les lecteurs et lectrices.

Thématiques : J’ai eu l’occasion de lire un autre livre de l’auteur il y a quelques années : Comme des sauvages. Il m’avait déstabilisée et emballée. J’ai retrouvé ici quelques thématiques communes, traitées différemment bien sûr : la sortie de la civilisation, le retour à la vie sauvage, la déshumanisation. Il y a cette idée de monde coupé de tout, de volonté de se protéger d’un extérieur perçu comme hostile et d’adolescents qui sont un peu laissés à eux-mêmes dans une ambiance de peur qui mène, éventuellement, à faire de mauvais choix. Je ne veux pas trop divulgâcher, vous lirez le livre si vous souhaitez savoir. En tout cas, dans ma tête d’adulte, j’avais l’impression de comprendre ce qui se passait sur le continent, tout simplement parce que j’ai déjà lu ou vu des histoires similaires, mais là où l’auteur se montre astucieux, c’est qu’il joue très bien sur cette fine frontière entre « situation normale » et ambiance post-apocalyptique qui mène jusqu’à cette conclusion assez terrible et lourde de conséquences.

 


Informations sur l’édition :
Format broché
Éditeur : PKJ
Sortie : 8 avril 2021
456 pages
ISBN : 978-2266315036
Prix : 18,90 €
Numérique : 12,99 €